Le « grand secret »

Une expérimentation pédagogique tout autant que votre dernier cours avec des étudiants ou des élèves vous ont déjà révélé ce secret. Vous les avez accueillis à l’entrée de la salle, puis vous leur avez demandé de se présenter au premier cours afin de mieux les connaître. Ils vous ont évoqué quelques aspects de leur personnalité ou quelques passions. Mais vous ont-ils parlé du grand projet de leur vie ? Vous ont-ils décrit précisément comment ils se voyaient dans une dizaine d’années ? Etait-ce ce qu’ils imaginaient pour eux-mêmes ou ce que l’on projetait pour eux ? S’ils ne savent pas forcément le dire, c’est parce que leur expérience et leur connaissance d’eux-mêmes est encore trop faible. Pourtant, c’est là toute la force de leur propre réussite et celle d’une institution éducative qui aurait à cœur d’éveiller les jeunes apprenants à leur avenir en leur permettant de se projeter de manière très spécifique.

« Apprendre c’est un avoir projet, c’est se projeter différent dans l’avenir » écrit Philippe Meirieu. Deux chercheurs[1] ont trouvé comment mieux comprendre l’acte d’apprendre en lui trouvant de fortes similitudes avec l’action d’entreprendre et de chercher.

En effet, avoir un projet d’apprendre quelque chose, c’est une ambition, un pari sur l’avenir, une vision positive du futur. L’apprenant se projette dans un état de savoir quelque chose de nouveau qu’il ne connaît pas encore aujourd’hui. Et cette projection dans l’avenir ouvre tout un champ de possibles, indispensable au développement de l’esprit de chaque personne.

Un projet d’apprendre quelque chose, c’est l’envie d’en savoir plus. La caractéristique d’un projet est de répondre à un besoin de ce lui qui l’envisage. Apprendre est un acte naturel qui a perdu de sa saveur avec l’ère industrielle, mais qui retrouve aujourd’hui du goût avec le jeu des interactions sociales et de la construction collective des savoirs.

Cet ‘état de savoir’ envisagé par l’apprenant procède d’une finalité particulière parce qu’un projet d’apprendre quelque chose, c’est choisir un sens à ses actions, une orientation constante vers un même objectif qui vient nourrir chaque épisode de cette formidable aventure qu’est la recherche et la découverte de connaissances nouvelles.

Alors si nous voulons aider les étudiants que nous accueillons à réussir leurs apprentissages, facilitons leur la construction d’un projet de vie parce que « les gens qu’on interroge, pourvu qu’on les interroge bien, trouvent d’eux-mêmes les bonnes réponses »[2].

maxime
Maxime Jorre, professeur à Novancia Business School Paris en dynamiques entrepreneuriales.


[1] Aumont B. & Mesnier J.-M., L’acte d’apprendre, 1992, Paris, PUF.

[2] Rapporté à Socrate

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