Apprendre à apprendre

Lorsque l’on évoque l’idée d’apprendre à apprendre, on s’aperçoit très vite qu’elle ne fait pas recette auprès des étudiants comme des enseignants.

Bien au contraire !

« Nos étudiants savent déjà tous bien apprendre : cela fait déjà plus de 20 ans qu’ils ont démontré avec succès leur capacité d’apprentissage… bac, concours, etc. » C’est souvent le premier argument mentionné pour mitiger un quelconque intérêt.

Mais le sujet reste intrigant pour les uns comme pour les autres. Est-il vraiment possible d’apprendre à apprendre ? Je m’interroge moi-même sur l’existence réelle d’une possibilité d’agir directement sur les capacités d’apprentissage des étudiants en dehors de la voie traditionnellement empruntée qui consiste à apprendre à apprendre en apprenant !

Est-ce qu’il existe des techniques qui permettraient de mieux apprendre, d’apprendre plus vite ou bien encore d’apprendre sans effort ? La réponse à cette question est positive. Il existe bien des méthodes d’apprentissage de la « lecture rapide. » La lecture experte consiste à lire beaucoup plus vite tout en retenant les points les plus importants d’un texte ! Cette méthode s’applique, parait-il, uniquement aux personnes, enfants ou adultes, qui possèdent déjà une bonne maitrise de la lecture. En s’y intéressant de plus près, on s’aperçoit que les méthodes d’apprentissage de la lecture rapide altèrent d’une manière très subtile et consciente le processus habituel de lecture. Il reste habituellement inconscient (on lit sans vraiment se demander comment cela se passe). Il existe également des méthodes pour mieux mémoriser ou pour compter plus vite. Si dans tous les cas, l’entrainement est nécessaire, il n’est pas suffisant pour atteindre un niveau d’excellence. Les techniques sont utiles.         

 

Une autre manière d’interroger le sujet m’a été suggérée par le Dre Donata Mara (Pitié-Salpêtrière). Elle a observé que les meilleurs étudiants au moment du concours d’entrée pouvaient parfois éprouver des difficultés importantes d’apprentissage au cours des cycles suivants. En s’interrogeant sur les raisons possibles, elle a mis le doigt sur une hypothèse de travail intéressante : les stratégies d’apprentissage (SA). Une SA est un dispositif d’apprentissage mis en œuvre pour apprendre dans un contexte d’apprentissage particulier comme un cours, une séance d’exercices, une étude de cas ou pour une clinique ( ou bien pour un objectif particulier comme réviser un examen). Les étudiants les mieux classés à l’entrée disposaient d’une stratégie d’apprentissage très performante pour passer un concours, mais parfois elle était inadaptée dans d’autres situations d’apprentissage. Ces étudiants travaillent beaucoup pour des résultats médiocres. Ils s’épuisent parfois et deviennent souvent très anxieux.        

J’émets ici le souhait de créer un groupe de travail avec les collègues qui seraient intéressés par ce sujet. J’espère découvrir quelques perspectives intéressantes sur ce sujet lors de l’université 2013.

olivier

Olivier Fourcadet, professeur à l’ESSEC Business School.
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One Response to “Apprendre à apprendre”

  1. La résistance des étudiants face à l’apprendre pourrait fort bien venir de notre conception étriquée de ce que c’est. En France nous mettons l’accent trop exclusivement sur les maths et sur la mémorisation de données. Or, il se pourrait que dans un grand nombre de métiers (y compris le management) les « learning outcomes » vraiment importants soient d’un autre ordre:
    * savoir se gérer soi-même dans le quotidien et en temps de crise,
    * savoir animer des équipes hétérogènes,
    * décider au bon moment et dans des situations d’incertitude,
    * transformer ses erreurs en sources d’apprentissage,
    * savoir écouter,
    * prendre des initiatives et bien les intégrer dans l’existant,
    * distinguer entre constats et jugements,
    * devenir un manager émancipant (être un « enabler »… celui qui rend possible… plutôt qu’un(e) castrateur/trice)
    * Des approches pédagogiques et des propositions de dispositifs existent, entre autres au CIRPP qui a mené des recherches sur ces sujets.
    Je serais vraiment intéressée par une journée d’études inter-écoles sur ce qu’apprendre veut dire dans toute sa richesse.
    Marlis (Chercheure en sciences de l’éducation au CIRPP)

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