Le professeur entre dans sa salle, il pose son cartable sur l’angle supérieur droit du bureau.
Depuis l’estrade qu’il arpente depuis plus de dix ans, il observe. Les élèves sont devant lui, assis à leur place respective, ils bavardent encore un peu. Le professeur se lève ; il dit « bonjour » assez fort pour qu’ils l’entendent. La feuille d’appel est déjà sur le bureau, il n’y a aucun absent.
De son cartable, le professeur sort quelques documents, la pochette rouge où sont rangés les documents d’illustration, la pochette verte où il a placé les photocopies qu’il distribuera en cours de séance, au moment où il les amènera à réfléchir sur un point essentiel. Tout est calé!
Le professeur se lève, il prend son feutre noir et se tourne vers le tableau, il écrit la problématique qu’il souhaite aborder. Il a deux heures pour traiter son sujet, il ne lui faut pas perdre une seconde, ce cours mérite bien cela.
On prévoit, on prévoit, on anticipe mais…
La sirène incendie retentit !
L’imprévu arrive. « Le cours est fichu », pense-t-il…le temps de rejoindre le point de rassemblement, connu de tous en cas d’exercices d’incendie, de compter les élèves, d’attendre l’autorisation de revenir en classe… Tout est remis en cause… Le professeur est pris au dépourvu.
Des scènes pareilles, nous en avons tous vécues.
Et pourtant, si nous nous en rappelons bien, ces imprévus ont pu parfois déboucher sur autre chose… de bien plus dynamique et bien plus enthousiasmant que ce que nous avions envisagé.
Et si nous pouvions accueillir l’imprévu comme des rendez-vous à ne pas manquer ?
Et si prendre l’incertitude comme un espace de créativité était acceptable ?
Et si nous pensions ces « instants chavirés » comme des réussites potentielles plutôt que d’en faire porter la faute à d’autres, à des circonstances plus ou moins bien maîtrisées ?
Prenons le cas du travail de préparation de cette université d’été qui nous réunira les 27 et 28 juin prochain, que se passera-t-il si…
S’il pleut …Si les ascenseurs ne fonctionnent plus …Si les clefs n’ouvrent pas les portes des ateliers …Si les transports en commun sont ralentis… Si les ballons éclatent avant que les participants aient été conduits à leurs ateliers…Si l’alerte incendie se déclenche…
Bref, si tout ce que toute l’équipe a prévu ne fonctionne pas ?
Rassurons-nous ! Rassurez-vous !
L’université d’été se fera, elle sera belle, elle sera différente, elle sera créative…qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige…
Sandrine Brissot & Lucie Paquy