“Certes, les sciences de l’éducation apportent, chacune en son champ, des moissons de faits vérifiables. Mais la pédagogie n’est pas, tant s’en faut, la science de l’éducation. Elle est une pratique de la décision concernant cette dernière. L’incertitude est donc son lot. Incertitude conjoncturelle, augmentée par la mobilité parfois vertigineuse des repères contemporains, mais incertitude essentielle dès lors qu’une connaissance et une action sont à conjoindre dans une théorie de la pratique.“[1]
Daniel Hameline et Jacques Piveteau
En tant que pédagogue praticien de terrain, je m’efforce à mettre en place des scénarii pédagogiques, en inventant des outils et matériel pédagogiques dans une perspective éducative globale, celle d’accompagner l’apprenant dans son développement et sa socialisation.
Depuis la Grèce antique où le pédagogue avait la délicate mission d’accompagner « l’enfant à l’école », jusqu’à nos jours, nous professionnels de l’éducation n’avons cessé de réfléchir à savoir quel homme nous voulons former et comment nous pouvons y parvenir.
Ainsi de l’Emile de J.J.Rousseau aux écrits de Meirieu en passant par toute la littérature des « nouveaux pédagogues » Freinet et Montessori, une question majeure revient sans cesse : «à quelles valeurs, à quels savoirs et par quelles méthodes élever nos enfants ? « Cette question lancinante a de tout temps taraudé les institutions publiques et les éducateurs.
Dans le sillage du développement de la psychologie, l’avènement des sciences de l’éducation, dans les années 70, avait pour objectif de substituer aux discours généraux et généreux des pédagogues, un discours scientifique en s’appuyant sur les nouvelles théories de la psychologie. On considérait alors que l’on pouvait accéder aux clés de la connaissance du développement de l’enfant et savoir ainsi ce qu’il convenait de faire pour bien l’élever. Rapidement on s’apercevait que la psychologie ne suffisait pas à comprendre tous les éléments qui entrent en ligne de compte dans le développement de l’enfant : on a fait appel dès lors aux autres sciences humaines : la sociologie, l’anthropologie, la linguistique, l’économie et l’histoire.
Les sciences de l’éducation n’ont pas vocation à se substituer à la pédagogie mais au contraire elles devraient être le corollaire questionnant indispensable à tout praticien de terrain afin qu’il ne s’enferme pas dans ses certitudes. Cela lui permet également d’alimenter sa pratique de tous les jours avec les différents apports issus de la recherche en sciences de l’éducation.
Par ailleurs, l’action du pédagogue et le discours issu de cette action ne doivent pas être minorés par les spécialistes en sciences de l’éducation. Cela constitue indéniablement des matériaux riches en enseignement qui pourraient étayer précieusement les différents éclairages théoriques des spécialistes de ces réalités éducatives.
C’est en articulant des allers-retours interrogatifs, entre action (pédagogie) et théorie (sciences de l’éducation) que la communauté pédagogique construira un discours cohérent sur les finalités éducatives de ses missions.
Ahcene Oumeddah, formateur à Gobelins, professeur référent au CIRPP